Parmi les amateurs de raquettes ce jour, ils étaient neuf pour se rendre à Belleydoux au départ des pistes de ski de fond, le ciel à l’horizon sud était lourdement chargé de noirs nuages, la température très douce pour un début février, au sol la neige humide s’était affaissée, et les épicéas avaient perdu la lourde chape blanche qu’ils portaient depuis une semaine. Rapidement opérationnels, nous contournons le hameau Le Delivret vers le nord pour entamer à travers des champs de neige une plongée sur la chapelle sainte Anne. Un rai de soleil esseulé nous inonde quelques instants seulement, comme pressé par la somnolence hivernale. Une bosse s’estompe et le hameau de Gobet surgit, alangui sur le devant d’une imposante falaise, nichoir pour des faucons pèlerins, dont Gilbert nous convainc qu’elle dessine les contours du noble rapace aux ailes déployées. Traversant le talweg occupé par la seule route, l’eau en étant absente dans ce relief karstique particulièrement faillé, nous remontons la combe dans des prairies enneigées, puis repassons sur l’autre versant aux premières maisons. De là, la compagnie entraînée et motivée entreprend la remontée dans la forêt où se cachent quelques maisons isolées, d’un pas sûr et régulier jusqu’à la « borne des limites » que nous découvrons, après quelques hésitations, à l’ombre des épicéas. Cette borne des Cernoises de forme pyramidale (tronquée) coiffée d’un keffieh de neige a été érigée en 1613, afin de marquer la frontière entre le royaume de France (écusson aux trois lys) et la Bourgogne (écusson du lion), après le traité de Lyon de 1601 qui scelle la souveraineté française sur le Bugey auparavant aux États de Savoie. C’est enfin la descente vers Le Delivret au travers d’une sapinière de jeunes épicéas, puis en zigzagant entre les pistes, et nous atteignons notre point de départ au terme d’une promenade de 7 km et 185 m de dénivelé.
Texte : Henri ; photos : Nicole et Henri Bozonnet